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Maurice Carême (1899-1978)

            Maurice Carême est né à Wavre, le 12 mai 1899, dans une famille modeste. Si son enfance est marquée par la pauvreté, elle est un temps de bonheur qu’il évoque avec émotion dans de nombreux poèmes.
Maurice Carême gardera toute sa vie la nostalgie de cette époque de liberté passée dans la campagne du Brabant wallon. Sa jeunesse et sa région natale lui inspireront notamment les recueils Mère (1935), Brabant (1967) et Souvenirs (posthume, 2011). Il y chante le « Brabant éternel », le « Brabant aimé des dieux ». Il en fait une terre mythique où l’âge d’or d’une vie s’écoulant en accord avec la nature, au rythme des saisons, se laisse encore rêver. Le poète parcourt ces paysages familiers à la recherche de l’émerveillement qui pourrait réenchanter le monde.

« Rue des Fontaines », dans Brabant.

Je suis né un grand jour de peine,
Mais né dans la rue des Fontaines.

Mes parents n’avaient pas d’argent,
Mais au pré, le linge était blanc,

Et la Dyle passait tout près
Avec des fleurs à son corset.

Lorsque ma mère l’entendait,
Ma mère aussi chantait, chantait.

Peintre, mon père montait au ciel ;
L’échelle était son hirondelle.

Et là, au milieu des oiseaux,
Il apprenait des airs si beaux

Qu’il faisait sans main ni cordeau,
Balancer tout seul mon berceau.

Que voulez-vous, c’est en chantant
Que chez nous l’on devenait grand,

J’ai donc chanté - roulent les billes,
Vive la sauge et l’origan ! -

J’ai souvent chanté comme on prie
Et chanté parfois en pleurant

Comme l’anémone sylvie
Tremblote en avril dans le vent

Et chanté aussi pour chanter
Simplement comme va la vie,

Chanté comme le roseau plie,
Comme luit la lune d’été.

« Si je suis né au mois de mai… », dans Brabant.

[…]
Wavre s’ouvrait comme une rose
À l’orée de mon cœur mouillé
Que vivent tant de douces choses
Ne cesse de m’émerveiller.

Le rituel du goûter servi par sa mère, dans la maison de Wavre, devient alors le symbole d’un moment d’harmonie fondamentale qu’il faut tenter de retrouver et de préserver.

« Le goûter », dans La maison blanche.

[…]
On a dressé la table ronde
Sous la fraîcheur du cerisier.
Le miel fait les tartines blondes,
Un peu de ciel pleut dans le thé.

On oublie de chasser les guêpes
Tant on a le cœur généreux.
Les petits pains ont l’air de cèpes
Égarés sur la nappe bleue.

Dans l’or fondant des primevères,
Le vent joue avec un chevreau ;
Et le jour passe sous les saules,

Grave et lent comme une fermière
Qui porterait, sur son épaule,
Sa cruche pleine de lumière.

En 1914, Maurice Carême écrit ses premiers poèmes. Élève brillant, il obtient, la même année, une bourse d’études et entre à l’École normale primaire de Tirlemont. Son professeur, Julien Kuypers, l’encourage à écrire et lui fait découvrir la poésie française, mais aussi la poésie néerlandophone de Belgique. Il est nommé instituteur en septembre 1918 à Anderlecht où il s’installe.

Son premier recueil de poésie, 63 Illustrations pour un jeu de l’oie, paraît en décembre 1925 et attire l’attention du milieu littéraire belge. Ses recueils suivants (Hôtel Bourgeois ; Chansons pour Caprine ; Reflets d’hélices) sont marqués par l’influence des avant-gardes, en particulier le surréalisme et le futurisme.

Au début des années 30, l’écrivain, qui traverse une crise existentielle, se lance dans l’écriture d’un recueil (Mère) qui témoigne d’une quête identitaire. Elle passe par la recherche de valeurs issues de son enfance qu’il lui semble avoir oubliées. À partir de ce moment, l’œuvre de Maurice Carême s’oriente vers la quête de la simplicité et du dépouillement qui va de pair avec la recherche de la fluidité du style. À la suite de la publication de Mère, Maurice Carême reçoit le Prix Triennal de poésie en 1938. Ce recueil inspire également à Darius Milhaud la Cantate de l’enfant et de la mère dont la première mondiale a lieu au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles le 18 mai 1938.

C’est à l’époque où Maurice Carême se plonge dans les souvenirs de sa jeunesse qu’il découvre la poésie écrite par des enfants au cours d’une expérience pédagogique qu’il mène dans sa classe. Il publiera deux anthologies des textes écrits par ses élèves (Poèmes de gosses, 1933 ; Proses d’enfants, 1936) qu’il accompagne de deux préfaces où il redéfinit sa conception de la poésie. Pour Maurice Carême, retrouver l’enfance, au milieu du culte de la raison et du machinisme moderne, exige de préserver une capacité d’émerveillement à l’égard de ce qui paraît le plus infime. L’immersion dans le regard de l’enfant est également une force qui interroge le monde des adultes et la cruauté dont ils peuvent se montrer les auteurs. De son désir d’être lu par ce public, qu’il juge le plus exigeant, naîtront de nombreux recueils de poèmes et de contes ainsi que des romans qui remporteront un vif succès (notamment La Lanterne magique, Au clair de la lune, L’arlequin, Contes pour Caprine, La bille de verre…).

Par l’écriture, Maurice Carême tente d’approcher le mystère de la condition humaine, dans ses joies comme dans ses malheurs (Défier le destin, De plus loin que la nuit). Son parcours poétique est animé par une quête spirituelle qui refuse toute forme de dogmatisme et le conduit vers une forme de panthéisme (Heure de Grâce ; Complaintes). Le poète cherche dans le miracle de l’humilité du quotidien (Femme), dans l’amour (La Bien-Aimée) et dans la contemplation de la nature une source d’enthousiasme qui le met au diapason avec le cosmos.

L’œuvre de Maurice Carême a été couronnée de nombreux prix : le Prix triennal de Poésie, le Prix Victor Rossel (1948), le Prix de l’Académie française (1949 et 1954), le Prix International de Syracuse (1950), le Prix Populiste de poésie (1951), la Médaille de la Ville de Sienne (1956), le Prix Félix Denayer (1957), le Prix de la Poésie religieuse (1958), le Prix du Président de la République française (1961), le Prix de la Province de Brabant (1964), le Prix de la Traduction néerlandaise (1967), le Grand Prix International de poésie (France, 1968), le Prix Européen (Italie, 1976).

Près de 3000 poèmes de Maurice Carême ont été mis en musiques par plus de 300 compositeurs, parmi lesquels Darius Milhaud, Francis Poulenc, Henri Sauguet, Florent Schmitt, Carl Orff... Son œuvre est traduite dans 36 langues européennes et dans 9 langues extra-européennes (parmi lesquelles le chinois, le japonais, le vietnamien, l’arabe, l’arménien, l’ouzbek, l’hébreu…).

« Brabant aimé des dieux », dans La maison blanche.

[…]
Brabant profondément enfoncé dans ma chair
Ainsi qu’un fer de bêche au milieu d’un jardin,
[…]
Puissé-je, quand la mort me croisera les mains,
Tandis que mon esprit rejoindra tes collines,
Reposer à jamais sur ta large poitrine
Comme un enfant qui dort oublié dans le foin.

Maurice Carême meurt le 13 janvier 1978. Il est enterré, suivant son désir, à Wavre.